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mercredi 16 mai 2007

Mondialisation, les économistes sont-ils aveugles ?




Nous sentons que la mondialisation comporte des aspects dangereux et négatifs. La théorie économique qui soutient le libre échange est-elle complètement aveugle et déconnectée des réalités ?
Je souhaite aborder le sujet de la globalisation et son impact sur les travailleurs en utilisant les enseignements de la théorie économique. C’est un sujet assez délicat, complexe et qui prête le flanc a la démagogie et la simplification. Je souhaite présenter le problème dans sa complexité, sans peut être apporter de réponses claires mais en soulignant que les réponses trop faciles n’existent pas.

Dans la récente campagne présidentielle, nous avons entendu les deux principaux candidats parler de l’impact du commerce international sur les travailleurs français. C’était également un élément important du débat lors du referendum sur la constitution européenne et à propos de la directive Bolkenstein.
La situation est bien connue, les pays émergeants ont des coûts de main-d’oeuvre non qualifiée bien plus faibles que les nôtres, beaucoup moins de protection et de contraintes sociales. Même Nicolas Sarkozy nous parle de protectionnisme afin de protéger les intérêts des travailleurs français.

Un peu d’économie…

Mais enfin, dans la théorie économique s’il y a bien un sujet sur lequel les économistes sont d’accord c’est que l’échange apporte plus qu’il ne détruit. Ensuite les avantages absolus, comparatifs, l’impact de l’échange sur l’ensemble, sur les différentes parties a été analysé sous toutes ses coutures. Contradiction donc ? erreur grossière de la théorie économique qui est au service des plus forts et justifie l’exploitation des peuples.
Justement, pas si simple. Le débat peut être présenté ainsi :
- d’un côté, ceux qui pensent que le commerce international pousse les salaires a la baisse.
- de l’autre ceux qui pensent que le commerce international est essentiel.
…et les deux ont raisons. Il est faux de penser que la théorie économique soutien que le libre échange est bon pour tous. Il y a déjà des années que les économistes ont soulignés que des groupes au sein des pays sont perdants dans l’échange. Pour la France, les groupes qui perdent le plus sont ceux des travailleurs peu qualifiés, dont les salaires sont bas et qui sont en concurrence directe avec les pays moins développés. Les gains que ces travailleurs tireront de prix plus bas ne compenseront pas cette perte.

Un exemple pour illustrer cela :
Supposons que la France exporte principalement des biens produits par des travailleurs éduqués. Les importations se font sur des biens fabriqués par des travailleurs peu éduqués. Ces importations concurrencent les biens fabriqués en France par des travailleurs non qualifiés. Si le prix des importations baisse…Alors le salaire des travailleurs non qualifiés en France baissera et il baissera plus que la baisse du prix des importations …
Bien sûr ces travailleurs bénéficient de la baisse des prix sur les biens importés, mais cela ne compense pas la baisse de salaire. En net, le niveau de vie de ces travailleur baisse.

La théorie économique reconnaît donc la contribution de la globalisation dans la montée des inégalités.
Si le discours économique était plus tempéré et optimiste dans les années 90 c’est que l’impact était encore faible. Il existe des mécanismes de régulation endogènes au système, un ajustement avec le temps se fait dans les disparités, lissant les salaires. Mais la montée de la chine, de l’Inde nous soumettent a des pression importantes (un choc exogène) qui dépassent les mécanismes d’ajustement.

Que faire donc ?

Refermons nous sur nous-même !

Protectionnisme ! sauvons nos travailleurs. Certains écrivent que le protectionnisme sauve aussi les pays en voie de développements car nous ne les envahissons plus de produits fabrique chez nous et donc tuant leur économie. Je n’adhère pas à cette vision. L’échange est une voie essentielle vers le développement. Fermer nos frontières aux pays pauvres est globalement mauvais pour ces pays et leurs populations. Nous représentons un marché sur lequel leurs biens s’écoulent et qui génère des ressources.

D’autres solutions ?

Bien sûr existe le problème de l’exploitation et de la distribution. C’est un problème concret, et c’est une question de rapport de force. Certaines initiatives sont développées pour inverser le rapport de force, commerce équitable, labellisation de cru de café, Light Year IP (voir les articles de Marjane Daria sur AgoraVox pour plus de détails. cliquez pour sa fiche auteur et ses articles)
Ces initiatives sont positives car elles s’inscrivent dans une démarche constructive afin de trouver des solutions viables à l’intérieur du système d’économie de marché.
Un autre point important est la prise en compte de standards sociaux dans les négociations internationales sur le commerce. Essayer que les travailleurs non qualifiés ait des conditions de travail plus décente, une couverture médicale, une éducation.
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Eduquer, éduquer,éduquer…

Je souhaiterais finir sur l’éducation qui me semble un point essentiel. J’ai parlé de mécanisme d’ajustements présents dans le système. Il ne fonctionne que très lentement. Il faut intervenir pour accélérer et faciliter les ajustements. L’éducation, a la fois dans nos pays pour les travailleurs non qualifiés et dans les pays en voie de développement me semble être un levier central, essentiel.
Je suis conscient de ne pas apporter de réponses concrètes et claires mais il est important de montrer que la théorie économique n’est pas angélique. J’espère avoir présenté de façon succincte un problème complexe sans le simplifier à l’excès. J’espère avoir éviter le démagogisme et la simplification.

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