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vendredi 4 mai 2007

Le déclin de la gauche anti-libérale : une pièce en trois actes

Le premier tour de l’élection présidentielle est une défaite pour la gauche anti-libérale (référence a l’article de Max “L’extrême gauche, grande perdante de l’élection présidentielle’’). Ce résultat n’est pas étonnant et ce déclin se décline en trois actes, cette élection étant le dernier acte d’un changement radical du paysage politique à gauche.

Le courant anti-libéral trouve un écho dans la gauche extrême mais également au sein du parti socialiste. Certains affichent clairement qu’ils ne sont pas des partis de gouvernement, d’autres comme le PC ou une aile gauche du PS (certains la qualifie de deuxième gauche) assument leur désir de gouverner et sont forcément un peu moins radicaux.

Acte 1 : Le traumatisme de 2002

Le choc de la présidentielle 2002 a été un coup de boutoir énorme pour toute la gauche. Pas de candidat de gauche au deuxième tour. Tout a été dit sur le traumatisme de l’électorat de gauche. Ce premier échec n’est pas directement attribué a l’extrême gauche, non, mais en ce séisme a été le début du déclin de la représentativité de l’extrême gauche.

Acte 2 : Victoire !, NON a la constitution, OUI a l’Europe

Une victoire pour le non a la constitution. Et pourtant je pense que c’est une défaite pour les partisans de l’anti-libéralisme. En effet, le non était extrêmement divers, incluant a la fois un rejet violent de l’Europe pour la droite nationaliste et également l’espoir de construire une Europe plus juste et plus sociale pour les tenants du non de gauche. La défaite dont je parle n’est pas dans le résultat mais dans l’incapacité de capitaliser sur ce résultat. Il est très difficile de construire une dynamique sur un non. L’hétérogénéité du camp des vainqueurs a empêché toute avancée alternative pro européenne venant du camp du non.
Deuxième effet, cette fois dans le rapport entretenu entre le PS et les partis plus à gauche. Cette relation est complexe et fragile. Ce non au referendum soutenu par une partie du parti en contradiction avec le vote des militants a non seulement fragilise et brouille le discours du parti socialiste mais a également rendu difficile le lien avec sa gauche, créant déjà une dérive, une attraction vers le centre.

Acte 3 : Présidentielle 2007

Plusieurs événements se combinent pour dresser le portrait du paysage politique et souligner la défaite de la gauche anti-libérale.
- Morcellement des candidatures à l’extrême gauche
- Candidate PS représentante de la ‘première gauche’, la ‘droite du PS.
- Phénomène du vote utile affaiblissant l’extrême gauche.
- Très faible score de la gauche anti-libérale: 9% (O. Besancenot, M.-G. Buffet, A. Laguiller, J. Bové, G. Schivardi)
- Bon score du centre
Le vote utile pour le PS conséquence de 2002 a probablement fait beaucoup de mal à la gauche anti-libérale…mais celle ci a été incapable de se présenter unie, capitalisant sur ce qu’elle pensait être la victoire de ses idées au referendum sur la constitution européenne. Cette victoire n’était pas entièrement la sienne et seule une unité de candidature aurait pu apporter un peu de poids, un peu de représentativité. Au lieu de cela nous avons eu là le troisième acte d’un déclin, qui avec la force de la droite traditionnelle et la montée du centre dessine un nouveau paysage politique.

La suite ?

Quelles sont les grandes lignes de forces ?
- Renforcement au centre : La faiblesse de la base anti-libérale renforce par contraste l’attractivité du centre. Devant l’échec des partis à sa gauche, le PS devrait continuer son orientation vers le centre. La force de se mouvement, la possible scission du parti dépendront du résultat de dimanche.
- Marginalisation de l’anti-libéralisme. Si la gauche traditionnelle se recentre, accepte de se placer dans le cadre d’une économie de marché,.la gauche anti-libérale morcelée avec une base électorale faible, va se retrouver isolée. Son attitude consistant à ne pas être ‘un parti de gouvernement’ contribue a la couper de la gauche plus traditionnelle plus modérée dans ces attaque contre le capitalisme.
Le paysage politique bouge, les élections sont un révélateur car les idées sont passées au prisme de l’électorat. Pour avoir oublie 2002 et cru que la victoire du non était sa victoire, la gauche anti-libérale a continué de perdre son électorat.
Un espoir tout de même en la personnalité d’Olivier Besancenot qui est le gagnant parmi les candidats de la gauche extrême. Son age, son ton, son discours, apportent un peu de fraîcheur. Il assume sans complexe sa critique de l’économie capitaliste et présente sa vision d’une société plus juste. Il pourrait être le rassembleur, et pourra peut être tirer les leçons de cette défaite en trois actes afin de reconquérir une certaine base électorale.

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