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vendredi 1 juin 2007

Paix ou justice au Liban ?


30 mai 2007, vote de l’ONU imposant la création d’un tribunal international pour juger les assassins de Rafik Hariri, ancien premier ministre Libanais aux positions anti-syriennes.

Réactions opposées dans la population libanaise:
Joie dans la majorité parlementaire libanaise anti-syrienne.
Colère dans l’opposition, dans le camp du Hezbollah chiite et pro syrien qui qualifie cette résolution d’illégale et la considère comme une grave ingérence et violation de la souveraineté Libanaise Damas.

Vu de l’étranger il est semble difficile de critiquer cette résolution. Le but poursuivi est un but de justice. Celle-ci est légitime. Le crime c’est déroulé dans un Liban sous contrôle syrien, sur un homme qui représentait l’opposition à cette main mise de Damas sur le pays du cèdre. L’opération a nécessité une grande préparation et des moyens importants qui ont difficilement pu passé inaperçu pour les forces syriennes. Tout indique la responsabilité de Damas. À la suite de ce crime et devant ce sentiment d’impunité pour les assassins, les Libanais anti-syriens sont descendus en masse dans la rue faisant pression par l’intermédiaires des puissances étrangères pour un retrait de la Syrie du Liban.

Danger ?
Oui c’est une évidence
Malgré le succès du retrait syrien, le sentiment d’injustice face à l’impunité des assassins est très vif. Une partie de la population a soif de justice. Des affiches dans les rues de Beyrouth rappellent l’assassinat de l’ancien Premier ministre, il y a un profond désir de faire ressortir la vérité, de s’extraire de l’influence Syrienne en levant ce qui est vu comme une impunité scandaleuse.
Mais le Liban est un pays complexe, une autre partie de la population reçoit très mal la création de ce tribunal international. Les chiites vivent ceci comme une internationalisation de la situation Libanaise ou une mise sous tutelle du Liban. Leur rejet de cette ingérence est très vif.

On peut donc se demander s’il est possible d’imposer, de l’extérieur, par le biais de la justice, la réconciliation nationale entre les Libanais. Peut-on mettre la Syrie sur le banc des accusés, pointer du doigt les responsabilités ou l’influence de l’Iran tout en oeuvrant à la réconciliation des Libanais?

Le désir de justice est légitime. L’ONU fait passer cette volonté de justice en premier … Quitte à attiser les tensions entre les différentes communautés Libanaises, quitte à déstabiliser un peu plus un pays très fragile.
La paix est le but. La paix et la réconciliation nationale au Liban et plus généralement la paix entre les pays et peuples du Moyen-Orient. Entre les communautés religieuses. C’est une situation complexe où se mêlent des luttes de politiques internationales, des affrontements ethniques ou religieux souvent instrumentalisés et encouragés.
La Syrie et surtout l’Iran sont forcément des partenaires dans la construction de la paix même si la position de l’Iran est extrême sur de nombreux point et doit être condamnée.

Nous nous trouvons donc dans un affrontement classique entre paix et justice. La paix et la justice sont-elle conciliable ? et sinon, laquelle doit l’emporter ? peut-on concilier réconciliation nationale et désir de justice ?
La paix est toujours faite de concession. La justice est nécessaire pour lutter contre l’impunité et ne pas faire injure à la mémoire des victimes.
À cette question, faut-il poursuivre ou oublier, je n’apporterais pas de réponses précise pour le cas du Liban. L’Afrique du Sud est un exemple dans ce cheminement difficile entre paix et justice, l’amnistie a été un instrument permettant d’apaiser les tensions. Mais pour le moment le Liban ne prend pas cette direction, les luttes communautaires sont vives et le sentiment d’injustice exacerbé dans les deux camps.
Nous sommes encore loin de l’instauration d’un respect mutuel nécessaire à une lutte contre l’impunité, à l’acceptation de certaines concessions qui permettrait une réconciliation. L’intervention internationale est très délicate et risque même d’attiser les tensions et rancoeurs malgré un soucis légitime de paix.

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